Sunday 16 October 2016

Platon : il existe deux formes de désirs en nous





«  Il faut par ailleurs réfléchir qu’en chacun de nous il existe deux formes de principes et de motifs d’action que nous suivons où ils peuvent bien nous mener, l’un qui est inné est le désir des plaisirs ; l’autre qui est une façon de voir acquise, aspire au meilleur. Or ces deux tendances sont en nous parfois concordantes, mais il arrive aussi qu’elles soient en lutte, et c’est parfois celle-ci qui domine, mais d’autres fois c’est celle-là. Cela posé, quand c’est une façon de voir qui par la raison, conduit vers le meilleur et qu’elle domine, cette domination s’appelle tempérance, quand c’est le désir qui, déraisonnablement entraine aux plaisirs et gouverne en nous, voilà le gouvernement auquel on a donné le nom de démesure ».

Platon, Phèdre, 237d

Aristophane: Le désir, condition de l'homme, provient du manque et de la séparation.



« Jadis notre nature n'était pas ce qu'elle est actuellement. D'abord il y avait trois espèces d'hommes, et non deux comme aujourd'hui : le mâle, la femelle, et en plus de ces deux-là, une troisième composée des deux autres ; le nom seul en reste aujourd'hui, l'espèce a disparu. C’était l'espèce androgyne qui avait la forme et le nom des deux autres, dont elle était formée. De plus chaque homme était de forme ronde sur une seule tête, quatre oreilles, deux organes de la génération, et tout le reste à l'avenant. [...]
Ils étaient aussi d'une force et d'une vigueur extraordinaire, et comme ils étaient d'un grand courage, ils attaquèrent les dieux et [...] tentèrent d'escalader le ciel [...] Alors Zeus délibéra avec les autres dieux sur le parti à prendre. Le cas était embarrassant ; ils ne pouvaient se décider à tuer les hommes et à détruire la race humaine à coups de tonnerre, comme ils avaient tué les géants ; car c'était mettre fin aux hommages et au culte que les hommes leur rendaient ; d'un autre côté, ils ne pouvaient plus tolérer leur impudence.
Enfin, Zeus ayant trouvé, non sans difficulté, une solution, [...] il coupa les hommes en deux. Or, quand le corps eut été ainsi divisé, chacun, regrettant sa moitié, allait à elle ; et s'embrassant et s'enlaçant les uns les autres avec le désir de se fondre ensemble [...]
C'est de ce moment que date l'amour inné des êtres humains les uns pour les autres : l'amour recompose l'ancienne nature, s'efforce de fondre deux êtres en un seul, et de guérir la nature humaine. [...] Notre espèce ne saurait être heureuse qu'à une condition, c'est de réaliser son désir amoureux, de rencontrer chacun l'être qui est notre moitié, et de revenir ainsi à notre nature première. »