Ici ou là, les
hommes défendent leurs buts particuliers contre le droit général ; ils
agissent librement. Mais ce qui constitue le fondement général, l'élément
substantiel, le droit n'en est pas troublé. Il en va de même pour l'ordre du
monde. Ses éléments sont d'une part les passions, de l'autre la Raison. Les
passions constituent l'élément actif. Elles ne sont pas toujours opposées à
l'ordre éthique ; bien au contraire, elles réalisent l'Universel. En ce
qui concerne la morale des passions, il est évident qu'elles n'aspirent qu'à
leur propre intérêt. De ce côté-ci, elles apparaissent comme égoïstes et
mauvaises. Or ce qui est actif est toujours individuel : dans l'action je
suis moi-même, c'est mon propre but que je cherche à accomplir. Mais ce but
peut être bon, et même universel. L'intérêt peut être tout à fait particulier
mais il ne s'ensuit pas qu'il soit opposé à l'Universel. L'Universel doit se réaliser par le particulier.
Nous disons donc que rien ne s'est fait sans être soutenu par l'intérêt de ceux qui y ont collaboré. Cet intérêt, nous l'appelons passion lorsque refoulant tous les autres intérêts ou buts, l'individualité tout entière se projette sur un objectif avec toutes les fibres intérieures de son vouloir et concentre dans ce but ses forces et tous ses besoins. En ce sens, nous devons dire que rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion.
Hegel. La Raison dans l'histoire
Nous disons donc que rien ne s'est fait sans être soutenu par l'intérêt de ceux qui y ont collaboré. Cet intérêt, nous l'appelons passion lorsque refoulant tous les autres intérêts ou buts, l'individualité tout entière se projette sur un objectif avec toutes les fibres intérieures de son vouloir et concentre dans ce but ses forces et tous ses besoins. En ce sens, nous devons dire que rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion.
Hegel. La Raison dans l'histoire
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