« Si
nous comparons la doctrine de l’âme comme physiologie du sens intime,
avec la doctrine des corps, comme physiologie des objets des sens extérieurs,
nous trouvons, indépendamment de ce que beaucoup de choses peuvent être connues
dans les deux sciences , cette différence remarquable, que dans la dernière
science beaucoup de connaissances peuvent être tirées a priori du seul concept
d’un être étendu et impénétrable, tandis que dans la première, aucune
connaissance synthétique a priori ne peut être tirée du concept d’un être
pensant. En voici la raison. Bien que l’un et l’autre soient des phénomènes,
le phénomène qui s’offre au sens extérieur a cependant quelque chose de fixe et
de permanent, qui fournit un substratum, servant de fondement aux déterminations
changeantes, et par conséquent un concept synthétique, à savoir celui de
l’espace et d’un phénomène dans l’espace, tandis que le temps , qui est la
seule forme de notre intuition interne, n’a rien de fixe et par conséquent
ne nous fait connaitre que le changement des déterminations mais non l’objet déterminable
. En effet dans ce que nous nommons l’âme, tout est en un flux continuel, il n’y
a rien de fixe, si ce n’est peut-être ( si l’in veut absolument) le Je qui
n’est si simple que parce que cette représentation n’a point de contenu, par conséquent
point de diversité, ce qui fait qu’elle semble aussi représenter, ou pour mieux
dire, designer un objet simple. Il faudrait que ce JE fut une intuition qui, étant
présupposée dans la pensée en général (antérieurement a toute expérience)
fournit comme intuition a priori des propositions synthétiques, pour qu’il fut
possible d’établir une connaissance purement rationnelle de la nature d’un être
pensant en General. Mais ce Je est aussi
peu une intuition qu’un concept d’un objet quelconque : il n’est que la forme de la conscience qui peut accompagner les
deux espèces de représentations et les élever par là au rang de connaissances, à
condition que quelque autre chose encore soit donnée dans l’intuition qui
fournisse matière à la représentation d’un objet. Toute la psychologie rationnelle s’écroule donc comme une science qui dépasse
toutes les forces de la raison humaine ; il ne nous reste plus qu’à étudier notre âme suivant le fil de l’expérience, et à
nous renfermer dans les limites des questions qui ne vont pas au-delà des données
de l’expérience interne possible. »
Kant CRP
trade Barni GF p 680
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