Thursday 29 August 2019

Kant La question qui habite toute philosophie

« « S’agissant de la philosophie selon son sens cosmique (in sensu cosmico), on peut aussi l’appeler une science des maximes suprêmes de l’usage de notre raison, si l’on entend par maxime le principe interne du choix entre différentes fins. Car la philosophie en ce dernier sens est même la science du rapport de toute connaissance et de tout usage de la raison à la fin ultime de la raison humaine, fin à laquelle, en tant que suprême, toutes les autres fins sont subordonnées et dans laquelle elles doivent être toutes unifiées. Le domaine de la philosophie en ce sens cosmopolite se ramène aux questions suivantes 1. Que puis-je savoir ? 2. Que dois-je faire ? 3. Que m’est-il permis d’espérer ? 4. Qu’est-ce que l’homme ? A la première question répond la métaphysique, à la seconde la morale, à la troisième la religion, à la quatrième l’anthropologie. Mais au fond, on pourrait tout ramener à l’anthropologie, puisque les trois premières questions se rapportent à la dernière. Le philosophe doit donc pouvoir déterminer 1. la source du savoir humain, 2. l’étendue de l’usage possible et utile de tout savoir, et enfin 3. les limites de la raison. Cette dernière détermination est la plus indispensable, c’est aussi la plus difficile, mais le philodoxe (1 ) ne s’en préoccupe pas ».  

Kant, Logique (1800), traduction de L. Guillermit, Éd. Vrin, 1970, pp. 25-26.

(1) Philodoxe : l’esprit superficiel qui ne se préoccupe pas de science ou de philosophie mais suit l’opinion générale ( Grec : doxa = opinion )

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