« « S’agissant
de la philosophie selon son sens cosmique (in sensu cosmico), on peut
aussi l’appeler une science des maximes suprêmes de l’usage de notre
raison, si l’on entend par maxime le principe interne du choix entre
différentes fins. Car
la philosophie en ce dernier sens est même la science du rapport de
toute connaissance et de tout usage de la raison à la fin ultime de la
raison humaine, fin à laquelle, en tant que suprême, toutes les autres
fins sont subordonnées et dans laquelle elles doivent être toutes
unifiées. Le domaine de la philosophie en ce sens cosmopolite se ramène aux questions suivantes 1. Que puis-je savoir ? 2. Que dois-je faire ? 3. Que m’est-il permis d’espérer ? 4. Qu’est-ce que l’homme ? A
la première question répond la métaphysique, à la seconde la morale, à
la troisième la religion, à la quatrième l’anthropologie. Mais au fond,
on pourrait tout ramener à l’anthropologie, puisque les trois premières
questions se rapportent à la dernière. Le philosophe doit donc pouvoir déterminer 1. la source du savoir humain, 2. l’étendue de l’usage possible et utile de tout savoir, et enfin 3. les limites de la raison. Cette dernière détermination est la plus indispensable, c’est aussi la plus difficile, mais le philodoxe (1 ) ne s’en préoccupe pas ».
Kant, Logique (1800), traduction de L. Guillermit, Éd. Vrin, 1970, pp. 25-26.
(1) Philodoxe : l’esprit superficiel qui ne se préoccupe pas de science ou de philosophie mais suit l’opinion générale ( Grec : doxa = opinion )
No comments:
Post a Comment