Tuesday, 8 September 2020

Bergson : l'être vivant tend à choisir

 

Si nous considérons de ce biais la vie à son entrée dans le monde, nous la voyons apporter avec elle quelque chose qui tranche sur la matière brute. Le monde, laissé à lui-même, obéit à des lois fatales. Dans les conditions déterminées, la matière se comporte de façon déterminée, rien de ce qu'elle fait n'est imprévisible : si notre science était complète et notre puissance de calculer infinie, nous saurions par avance tout ce qui se passera dans l'univers matériel inorganisé, dans sa masse et dans ses éléments, comme nous prévoyons une éclipse de soleil ou de lune. Bref, la matière est inertie, géométrie, nécessité. Mais avec la vie apparaît le mouvement imprévisible et libre. L’être vivant choisit ou tend à choisir.  Son rôle est de créer. Dans un monde où tout le reste est déterminé, une zone d’indétermination l'environne.

Henri Bergson, l'énergie spirituelle, chapitre un,  la conscience et la vie, 1911, édition PUF

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