Le libre-arbitre pour Spinoza est tout simplement une illusion.
"J'appelle
libre, quant à moi, une chose qui est et agit par la seule nécessité de
sa nature; contrainte, celle qui est déterminée par une autre à exister
et à agir d'une certaine façon déterminée. Dieu, par exemple, existe
librement bien que nécessairement parce qu'il existe par la seule
nécessité
de sa nature. De même aussi Dieu se connaît lui-même librement parce
qu'il existe par la seule nécessité de sa nature. De même aussi Dieu se
connaît lui-même et connaît toutes choses librement, parce qu'il suit de
la seule nécessité de sa nature que Dieu connaisse toutes choses. Vous
le voyez bien, je ne fais pas consister la liberté dans un libre décret
mais dans une libre nécessité. Mais descendons aux choses créées qui
sont toutes déterminées par des causes extérieures à exister et à agir
d'une certaine façon déterminée. Pour rendre cela clair et intelligible,
concevons une chose très simple: une pierre par exemple reçoit d'une
cause extérieure qui la pousse, une certaine quantité de mouvement et,
l'impulsion de la cause extérieure venant à cesser, elle continuera à se
mouvoir nécessairement. Cette persistance de la pierre dans le
mouvement est une contrainte, non parce qu'elle est nécessaire, mais
parce qu'elle doit être définie par l'impulsion d'une cause extérieure.
Et ce qui est vrai de la pierre il faut l'entendre de toute chose
singulière, quelle que soit la complexité qu'il vous plaise de lui
attribuer, si nombreuses que puissent être ses aptitudes, parce que
toute chose singulière est nécessairement déterminée par une cause
extérieure à exister et à agir d'une certaine manière déterminée.
Concevez maintenant, si vous voulez bien, que la pierre, tandis qu'elle
continue de se mouvoir, pense et sache qu'elle fait effort, autant
qu'elle peut, pour se mouvoir. Cette pierre assurément, puisqu'elle a
conscience de son effort seulement et qu'elle n'est en aucune façon
indifférente, croira qu'elle est très libre et qu'elle ne persévère dans
son mouvement que parce qu'elle le veut."
Spinoza (Lettre à Schuller,
LVIII)
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