Saturday, 7 November 2015
Epictète : "Quant au désir, supprime-le complètement pour l'instant"
Épictète, en grec ancien Ἐπίκτητος / Epíktêtos, qui signifie « homme acheté, serviteur », (Hiérapolis, Phrygie, 50, Nicopolis, Épire 125 ou 130) était un philosophe de l’école stoïcienne.
Épictète est probablement né à Hiérapolis (sud-ouest de la Phrygie). Emmené à Rome, il passe son enfance comme esclave au service de Épaphrodite (un affranchi de l’empereur Néron) dont la tradition fait un maître cruel (il lui aurait cassé la jambe, d'où le surnom donné d'Épictète le boiteux). Il aurait prévenu son maître en disant « la jambe va casser » sans plus de plainte, et une fois le malheur arrivé, aurait conclu par un « je t'avais prévenu »
Bibliographie :
Épictète n'a rien publié mais un de ses élèves, Arrien (Nicomédie vers 85-146).
- Entretiens d'Épictète, organisé à l'origine en huit ou douze livre dont il nous en reste quatre, il s'agit de la transcription de cours.
- Manuel d'Épictète, abrégé pratique des Entretiens.
En ligne :
- Manuel et Entretiens (divers éditions)
Il y a ce qui dépend de nous, il y a ce qui ne dépend pas de nous. Dépendent de nous l'opinion, la tendance, le désir, l'aversion, en un mot toutes nos œuvres propres, ne dépendent pas de nous le corps, la richesse, les témoignages de considérations, les hautes charges, en un mot toutes les choses qui ne sont pas nos œuvres propres. Les choses qui dépendent de nous sont naturellement libres, sans empêchement, sans entrave, celles qui ne dépendent pas de nous sont fragiles, serves(1), facilement empêchées, propres à autrui. Rappelle-toi donc ceci : si tu prends pour libres les choses naturellement serves, pour propres à toi-même les choses propres à autrui, tu connaîtras l'entrave, l'affliction, le trouble, tu accuseras les dieux et les hommes, mais si tu prends pour tien seulement ce qui est tien, pour propre à autrui ce qui est, de fait, propre à autrui, personne ne te contraindra jamais ni ne t'empêchera, tu n'adresseras à personne accusation ni reproche, tu ne feras absolument rien contre ton gré, personne ne te nuira, tu n'auras pas d'ennemi, car tu ne souffriras aucun dommage.
(...)
Rappelle-toi que le propos avoué du désir est d'obtenir l'objet désiré, que le propos avoué de l'aversion est de ne pas tomber sur l'objet d'aversion, celui qui, éprouvant une aversion, tombe sur son objet est malheureux. Si donc tu réserves ton aversion aux choses contraires à la nature parmi celles qui dépendent de toi, tu ne tomberas sur aucune de celles que tu as en aversion, mais si tu as en aversion la maladie, la mort ou la pauvreté, tu seras malheureux. Enlève donc ton aversion de tout ce qui ne dépend pas de nous, et transporte-la sur sur les choses qui dépendent de nous. Quant au désir, supprime-le complètement pour l'instant, car si tu désires l'une des choses qui ne dépendent pas de nous, il est impossible que tu sois heureux, quant à celles qui dépendent de nous, et qu'il serait beau de désirer, aucune n'est encore à ta portée (2). Use seulement de la tendance(3) et de son contraire, et que ce soit légèrement, avec des réserves, en souplesse.
Epictète, Manuel, II s ap JC, in Les Stoiciens Pleiade
(1) esclaves
(2) Epictète s'adresse à un élève débutant
(3) ce qui nous pousse à agir en fonction de notre nature humaine
Question 1: distinguez le désir de la tendance
Question 2 : Epictète conseille à l'apprenti philosophe de supprimer de facon provisoire le désir. S'agit-il de s'arrêter de vivre ? Pourquoi supprimer le désir, pas la "tendance" ?
Question 3 : Désirer ce qui dépend de nous, de nos idées, de nos représentations: donnez des exemples . Désirer ce qui ne dépend pas de nous :donner des exemples tirés du texte.
Faut-il désirer ce qui dépend de nous ou ce qui ne dépend pas de nous pour être heureux selon Epictète ?
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