"Wir sind im hohen Grade durch Kunst und Wissenschaft cultivirt. Wir sind civilisirt bis zum Überlästigen zu allerlei gesellschaftlicher Artigkeit und Anständigkeit. Aber uns schon für moralisirt zu halten, daran fehlt noch sehr viel. Denn die Idee der Moralität gehört noch zur Cultur; der Gebrauch dieser Idee aber, welcher nur auf das Sittenähnliche in der Ehrliebe und der äußeren Anständigkeit hinausläuft, macht blos die Civilisirung aus."
Sunday, 4 December 2016
Kant : nous sommes cultivés et civilisés mais nous ne pouvons nous considérer comme moralisés
"Wir sind im hohen Grade durch Kunst und Wissenschaft cultivirt. Wir sind civilisirt bis zum Überlästigen zu allerlei gesellschaftlicher Artigkeit und Anständigkeit. Aber uns schon für moralisirt zu halten, daran fehlt noch sehr viel. Denn die Idee der Moralität gehört noch zur Cultur; der Gebrauch dieser Idee aber, welcher nur auf das Sittenähnliche in der Ehrliebe und der äußeren Anständigkeit hinausläuft, macht blos die Civilisirung aus."
Sunday, 16 October 2016
Platon : il existe deux formes de désirs en nous
« Il faut par ailleurs réfléchir qu’en chacun de nous il existe deux formes de principes et de motifs d’action que nous suivons où ils peuvent bien nous mener, l’un qui est inné est le désir des plaisirs ; l’autre qui est une façon de voir acquise, aspire au meilleur. Or ces deux tendances sont en nous parfois concordantes, mais il arrive aussi qu’elles soient en lutte, et c’est parfois celle-ci qui domine, mais d’autres fois c’est celle-là. Cela posé, quand c’est une façon de voir qui par la raison, conduit vers le meilleur et qu’elle domine, cette domination s’appelle tempérance, quand c’est le désir qui, déraisonnablement entraine aux plaisirs et gouverne en nous, voilà le gouvernement auquel on a donné le nom de démesure ».
Platon, Phèdre, 237d
Aristophane: Le désir, condition de l'homme, provient du manque et de la séparation.
« Jadis notre nature n'était pas ce qu'elle est
actuellement. D'abord il y avait trois espèces d'hommes, et non deux comme aujourd'hui
: le mâle, la femelle, et en plus de ces deux-là, une troisième composée des
deux autres ; le nom seul en reste aujourd'hui, l'espèce a disparu. C’était
l'espèce androgyne qui avait la forme et le nom des deux autres, dont elle
était formée. De plus chaque homme était de forme ronde sur une seule tête,
quatre oreilles, deux organes de la génération, et tout le reste à l'avenant.
[...]
Ils étaient aussi d'une force et d'une vigueur
extraordinaire, et comme ils étaient d'un grand courage, ils attaquèrent les
dieux et [...] tentèrent d'escalader le ciel [...] Alors Zeus délibéra avec les
autres dieux sur le parti à prendre. Le cas était embarrassant ; ils ne
pouvaient se décider à tuer les hommes et à détruire la race humaine à coups de
tonnerre, comme ils avaient tué les géants ; car c'était mettre fin aux
hommages et au culte que les hommes leur rendaient ; d'un autre côté, ils ne
pouvaient plus tolérer leur impudence.
Enfin, Zeus ayant trouvé, non sans difficulté,
une solution, [...] il coupa les hommes en deux. Or, quand le corps eut été
ainsi divisé, chacun, regrettant sa
moitié, allait à elle ; et s'embrassant et s'enlaçant les uns les autres
avec le désir de se fondre ensemble [...]
C'est de ce moment que date l'amour inné des
êtres humains les uns pour les autres : l'amour recompose l'ancienne nature,
s'efforce de fondre deux êtres en un seul, et de guérir la nature humaine. [...] Notre espèce ne saurait être heureuse
qu'à une condition, c'est de réaliser son désir amoureux, de rencontrer
chacun l'être qui est notre moitié, et de revenir ainsi à notre nature
première. »
Tuesday, 13 September 2016
Hume : L'idée du Moi ne correspond à aucune réalité
Il est des
philosophes qui imaginent que nous sommes à chaque instant intimement
conscients de ce que nous appelons notre MOI, que nous en sentons l’existence
et la continuité d’existence, et que nous sommes certains, avec une évidence
qui dépasse celle d’une démonstration, de son identité et de sa simplicité
parfaites. La sensation la plus forte, la passion la plus violente disent-ils,
loin de nous détourner de cette vue, ne la fixent que plus intensément et nous
font considérer, par la douleur ou le
plaisir qui les accompagne, l’influence qu’elles exercent sur le moi.
Tenter d’en trouver une preuve supplémentaire serait en atténuer l’évidence,
puisqu’on ne peut tirer aucune preuve d’un fait dont nous sommes si intimement
conscients, et que nous ne pouvons être sûrs de rien si nous en doutons.
Malheureusement
toutes ces affirmations positives sont contraires à cette expérience même que
l’on invoque en leur faveur et nous n’avons aucune idée du moi de la manière
qu’on vient de l’expliquer. De quelle impression, en effet, cette idée pourrait
provenir ? Il est impossible de répondre à cette question sans une
contradiction et une absurdité manifestes et pourtant, c’est une question qui
doit trouver une réponse si nous voulons que l’idée du moi passe pour claire et
intelligible. Toute idée réelle doit provenir d’une impression particulière.
Mais le moi ou la personne, ce n’est pas une impression particulière, mais ce à
quoi nos diverses idées et impressions sont censées se rapporter. Si une
impression donne naissance à l’idée du moi, cette impression doit
nécessairement demeurer la même invariablement, pendant toute la durée de notre
vie, puisque c’est ainsi que le moi est supposé exister. Mais il n’y a pas
d’impression constante et invariable. La douleur et le plaisir, le chagrin et
la joie, les passions et les sensations se succèdent et n’existent jamais
toutes en même temps. Ce ne peut donc pas être d’une de ces impressions, ni de
toute autre que provient l’idée du moi, et en conséquence, il n’y a pas une
telle idée.
Hume, Traité
de la nature humaine, Livre I, L’entendement ( 1739)
IV partie,
section VI ( GF p 342-343 )
Thursday, 8 September 2016
Kant : Le "Je Pense" accompagne toutes mes représentations
« Le je pense doit nécessairement pouvoir accompagner toutes mes
représentations ; car, si tel n'était pas le cas, quelque chose serait
représenté en moi qui ne pourrait aucunement être pensé - ce qui
équivaut à dire que la représentation ou bien serait impossible, ou bien
ne serait du moins rien pour moi. La représentation qui peut être
donnée avant toute pensée s'appelle intuition. Donc tout le divers de
l'intuition entretient une relation au « je pense » dans le même sujet
où ce divers se rencontre. Mais cette représentation ( je pense ) est un
acte de la spontanéité, c'est à dire qu'elle ne peut pas être
considérée comme appartenant à la sensibilité. Je l'appelle aperception
pure pour la distinguer de l'aperception empirique, ou encore
l'aperception originaire, parce qu'elle est cette conscience de soi qui,
en produisant la représentation « je pense » laquelle doit pouvoir
accompagner toutes les autres et est une et identique dans toute
conscience, ne peut être accompagnée d'aucune autre. Je nomme encore
l'unité de cette représentation l'unité transcendantale de la conscience
de soi, pour désigner la possibilité de la connaissance a priori qui en
procède. Car les diverses représentations, qui sont données dans une
certaine intuition, ne constitueraient pas toutes ensemble mes
représentations, si elles n'appartenaient toutes à une conscience de
soi, ce qui veut dire qu'en tant qu'elles sont mes représentations (
bien que je n'en aie pas conscience sous cette forme ) , elles doivent
en tout cas, avec nécessité, se conformer à la condition sous laquelle
seule elles peuvent se réunir dans une conscience générale de soi, étant
donné que, sinon, elles ne m'appartiendraient pas complètement. »
Kant. Critique de la Raison Pure
Kant. Critique de la Raison Pure
Wednesday, 7 September 2016
Hegel : L'oeuvre d'art correspond à une extériorisation du sujet
« L’universalité du besoin d’art ne tient pas à autre
chose qu’au fait que l’homme est un être pensant et doué de conscience. En
tant que doué de conscience, l’homme doit se placer en face de ce qu’il est,
de ce qu’il est d’une façon générale, et en faire un objet pour soi. Les
choses de la nature se contentent d’être, elles sont simples, ne sont qu’une
fois, mais l’homme, en tant que conscience, se dédouble : il est une fois,
mais il est pour lui-même. Il chasse devant lui ce qu’il est ; il se
contemple, se représente lui-même. Il faut donc chercher le besoin général
qui provoque une œuvre d’art dans la pensée de l’homme, puisque l’œuvre d’art
est un moyen à l’aide duquel l’homme extériorise ce qu’il est.
Cette
conscience de lui-même, l’homme l’acquiert de deux manières : théoriquement,
en prenant conscience de ce qu’il est intérieurement, de tous les mouvements
de son âme, de toutes les nuances de ses sentiments, en cherchant à se
représenter à lui-même, tel qu’il se découvre par la pensée, et à se
reconnaître dans cette représentation qu’il offre à ses propres yeux. Mais
l’homme est également engagé dans des rapports pratiques avec le monde
extérieur, et de ces rapports naît également le besoin de transformer ce
monde, comme lui-même, dans la mesure où il en fait partie, en lui imprimant
son cachet personnel. Et il le fait, pour encore se reconnaître lui-même dans
la forme des choses, pour jouir de lui-même comme d’une réalité extérieure.
On saisit déjà cette tendance dans les premières impulsions de l’enfant : il
veut voir des choses dont il soit lui-même l’auteur, et s’il lance des
pierres dans l’eau, c’est pour voir ces cercles qui se forment et qui sont
son œuvre dans laquelle il retrouve comme un reflet de lui-même. Ceci s’observe
dans de multiples occasions et sous les formes les plus diverses, jusqu’à
cette sorte de reproduction de soi-même qu’est une œuvre d’art. »
Hegel, Introduction à l’Esthétique
|
Subscribe to:
Posts (Atom)