Saturday 4 April 2015

Aristote : l'homme est un animal politique

« La cité est au nombre des réalités qui existent naturellement, et (...)
l'homme est par nature un animal politique. Et celui qui est sans cité,
naturellement et non par suite des circonstances, est ou un être dégradé ou
au-dessus de l'humanité. Il est comparable à l'homme traité ignominieusement par
Homère de : Sans famille, sans loi, sans foyer, car, en même temps que
naturellement apatride, il est aussi un brandon de discorde, et on peut le
comparer à une pièce isolée au jeu de trictrac.
Mais que l'homme soit un animal politique à un plus haut degré qu'une abeille
quelconque ou tout autre animal vivant à l'état grégaire, cela est évident. La
nature, en effet, selon nous, ne fait rien en vain ; et l'homme seul de tous les
animaux, possède la parole. Or, tandis que la voix ne sert qu'à indiquer la joie
et la peine, et appartient aux animaux également (car leur nature va jusqu'à
éprouver les sensations de plaisir et de douleur, et à se les signifier les uns
aux autres), le discours sert à exprimer l'utile et le nuisible, et, par suite
aussi, le juste et l'injuste ; car c'est le caractère propre à l'homme par
rapport aux autres animaux, d'être le seul à avoir le sentiment du bien et du
mal, du juste et de l'injuste, et des autres notions morales, et c'est la
communauté de ces sentiments qui engendre famille et cité ».



ARISTOTE. (330 av. J-C.) La Politique. I, 2.

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