« Parmi les êtres,
en effet, les uns sont par nature, les autres par d'autres causes; par nature,
les animaux et leurs parties, les plantes et les corps simples, comme terre,
feu, eau, air ; de ces choses, en effet, et des autres de même sorte, on dit
qu'elles sont par nature. Or, toutes les choses dont nous venons de parler diffèrent
manifestement de celles qui n'existent pas par nature ; chaque être naturel, en
effet, a en soi-même un principe de mouvement et de fixité, les uns quant au
lieu, les autres quant à l'accroissement et au décroissement, d'autres quant à
l'altération. Au contraire un lit, un marteau et tout autre objet de ce genre,
en tant que chacun a droit à ce nom, c'est-à-dire dans la mesure où il est un
produit de l'art, ne possèdent aucune tendance naturelle au changement, mais
seulement en tant qu'ils ont cet accident d'être en pierre ou en bois ou en
quelque mixte, et sous ce rapport ; car la nature est un principe et une cause
de mouvement et de repos pour la chose en laquelle elle réside immédiatement,
par essence et non par accident.
…Mais essayer de prouver l'existence de la nature, ce
serait par trop ridicule ; car il saute aux yeux qu'il y a une foule d'êtres du
genre de ceux que nous venons de décrire. Or, prétendre démontrer des choses
d'une complète évidence au moyen de choses obscures, c'est le fait d'un esprit
qui est incapable de discerner ce qui est ou n'est pas notoire de soi. C'est
là, du reste une erreur très concevable, et il n'est pas malaisé de s'en rendre
compte. Que quelqu'un qui serait aveugle de naissance s'avise de parler des
couleurs, il pourra bien sans doute prononcer les mots ; mais nécessairement il
n'aura pas la moindre idée des choses que ces mots représentent.»
Aristote, (Physique, Livre II, 1-2)
Aristote, (Physique, Livre II, 1-2)
No comments:
Post a Comment