Les croyances proprement religieuses sont toujours communes à une
collectivité déterminée qui fait profession d’y adhérer et de pratiquer
les rites qui en sont solidaires. Elles ne sont pas seulement admises, à
titre individuel, par tous les membres de cette collectivité ; mais
elles sont la chose du groupe et elles en font l’unité. Les individus
qui la composent se sentent liés les uns aux autres, par cela seul
qu’ils ont une foi commune. Une société dont les membres sont unis parce
qu’ils se représentent de la même manière le monde sacré et ses
rapports avec le monde profane, et parce qu’ils traduisent cette
représentation commune dans des pratiques identiques, c’est ce qu’on
appelle une Eglise. […]
Nous arrivons donc à la définition
suivante : une religion est un système solidaire de croyances et de
pratiques relatives à des choses sacrées, c’est-à-dire séparées,
interdites, croyances et pratiques qui unissent en une même communauté
morale, appelée Eglise, tous ceux qui y adhèrent. Le second élément qui
prend ainsi place dans notre définition n’est pas moins essentiel que le
premier ; car, en montrant que l’idée de religion est inséparable de
l’idée d’Eglise, il fait pressentir que la religion doit être une chose
éminemment collective.
Emile Durkheim, Les formes élémentaires de la vie religieuse (1912), Edition PUF, Collection Quadrige, 1914, pp 60 et 65.
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