« Si donc nous désirons nous satisfaire au sujet de la nature de
l’évidence qui nous donne la certitude des faits, il faut que nous
recherchions comment nous arrivons à la connaissance de la cause et de
l’effet. J’oserai affirmer, comme une proposition générale qui n’admet
pas d’exception, que la connaissance de cette relation, ne s’obtient, en
aucun cas, par des raisonnements a priori ; mais qu’elle naît
entièrement de l’expérience quand nous trouvons que des objets
particuliers sont en conjonction constante l’un avec l’autre. [...]
Mais
pour nous convaincre que toutes les lois de la nature et toutes les
opérations des corps sans exception se connaissent seulement par
expérience, les réflexions suivantes peuvent sans doute suffire. Si un
objet se présentait à nous et qu’on nous demande de nous prononcer sur
l’effet qu’il en résultera sans consulter l’expérience passée, de quelle
manière faut-il, je vous prie, que l’esprit procède dans cette
opérations ? Faut-il qu’il invente ou qu’il imagine un évènement qu’il
attribuera a l’objet comme effet ? Manifestement, il faut que cette
invention soit complètement arbitraire. L’esprit ne peut jamais trouver
l’effet dans la cause supposée par la recherche et l’examen les plus
précis. Car l’effet est totalement diffèrent de la cause et par suite,
on ne peut jamais l’y découvrir. Lemouvement de la seconde bille
de billard est un évènement absolument distinct du mouvement de la
première. Il n’y a rien dans l’un qui suggère la plus petite indication
sur l’autre.
David Hume. Enquête sur l’entendement humain. 1748. GF, 1983, p 87-89
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