Il faut se rendre compte que parmi nos désirs les uns sont naturels,
les autres vains, et que, parmi les désirs naturels, les uns sont
nécessaires et les autres naturels seulement. Parmi les désirs
nécessaires, les uns sont nécessaires pour le bonheur, les autres pour
la tranquillité du corps, les autres pour la vie même. Et en effet une
théorie non erronée des désirs doit rapporter tout choix et toute
aversion à la santé du corps et à l’ataraxie de l’âme, puisque c’est là
la perfection même de la vie heureuse. (128) Car nous faisons tout afin
d’éviter la douleur physique et le trouble de l’âme. Lorsqu’une fois
nous y avons réussi, toute l’agitation de l’âme tombe, l’être vivant
n’ayant plus à s’acheminer vers quelque chose qui lui manque, ni à
chercher autre chose pour parfaire le bien-être de l’âme et celui du
corps. Nous n’avons en effet besoin du plaisir que quand, par suite de
son absence, nous éprouvons de la douleur ; et quand nous n’éprouvons
pas de douleur nous n’avons plus besoin du plaisir. C’est pourquoi nous
disons que le plaisir est le commencement et la fin de la vie heureuse.
Epicure, Lettre à Ménécée
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