celui qui a l'intention de faire à autrui une fausse promesse
apercevra aussitôt qu'il veut se servir d'un autre homme simplement
comme d'un moyen, sans que ce dernier contienne en même temps la fin en
lui-même. Car celui que je veux par cette promesse faire servir à mes
desseins ne peut absolument pas adhérer à ma façon d'en user envers lui
et contenir ainsi lui-même la fin de cette action. Cette violation du
principe de l'humanité dans d'autres hommes tombe plus évidemment sous
les yeux quand on tire les exemples d'atteintes portées à la liberté ou à
la priorité d'autrui. Car là il apparaît clairement que celui qui viole
les droits des hommes a l'intention de se servir de la personne des
autres simplement comme d'un moyen, sans considérer que les autres, en
qualité d'êtres raisonnables, doivent être toujours estimés en même
temps comme des fins, c'est-à-dire uniquement comme des êtres qui
doivent pouvoir contenir aussi en eux la fin de cette même action.
(…) Toutes
les personnes humaines, possédant une dignité qui leur est propre, sont
également des fins en soi. Ainsi, ni les inégalités naturelles ni les
hiérarchies sociales indispensables ne doivent aboutir à subordonner un
être humain aux autres comme un simple moyen l'est à une fin, ni
l'empêcher de réaliser dans la mesure de ses moyens intellectuels et
moraux, le plein épanouissement de ses facultés. Emmanuel Kant. Fondements de la métaphysique des mœurs.
No comments:
Post a Comment