Saturday 15 November 2014

Kant : considérer autrui comme une fin et non comme un moyen

celui qui a l'intention de faire à autrui une fausse promesse apercevra aussitôt qu'il veut se servir d'un autre homme simplement comme d'un moyen, sans que ce dernier contienne en même temps la fin en lui-même. Car celui que je veux par cette promesse faire servir à mes desseins ne peut absolument pas adhérer à ma façon d'en user envers lui et contenir ainsi lui-même la fin de cette action. Cette violation du principe de l'humanité dans d'autres hommes tombe plus évidemment sous les yeux quand on tire les exemples d'atteintes portées à la liberté ou à la priorité d'autrui. Car là il apparaît clairement que celui qui viole les droits des hommes a l'intention de se servir de la personne des autres simplement comme d'un moyen, sans considérer que les autres, en qualité d'êtres raisonnables, doivent être toujours estimés en même temps comme des fins, c'est-à-dire uniquement comme des êtres qui doivent pouvoir contenir aussi en eux la fin de cette même action.
(…) Toutes les personnes humaines, possédant une dignité qui leur est propre, sont également des fins en soi. Ainsi, ni les inégalités naturelles ni les hiérarchies sociales indispensables ne doivent aboutir à subordonner un être humain aux autres comme un simple moyen l'est à une fin, ni l'empêcher de réaliser dans la mesure de ses moyens intellectuels et moraux, le plein épanouissement de ses facultés.

Emmanuel Kant. Fondements de la métaphysique des mœurs.

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